mardi 20 janvier 2009

M!ssundaztood.


Il y a de ces albums qui vous marquent, aussi mauvais ou calculé soient-ils. Dans ce cas précis, je ne pense pas, honnêtement, que M!ssundaztood (= incomprise) soit mauvais ou calculé. Il est simplement le fruit d'une adolescence tumultueuse exprimée en 14 morceaux pop d'une qualité impérissable et pratiquement indiscutable. "Pratiquement" car certains trouveront forcément à redire sur ce qui s'apparente à un album pouvant être qualifié de banal voire (et j'abhorre pourtant l'usage de ce mot), commercial. Pour moi, il est tout autre. Croyez le ou non, ce CD est le premier que j'ai possédé de toute ma modeste existence. Alors âgé de 14 ans (2003), j'étais persuadé qu'il s'agissait d'un album mature et réfléchi, ce qui a valu à son interprète moult naïves dédicaces dans mes statuts MSN de l'époque ("Vive P!NK, qui a tout compris à la vie!!", oui, tout à fait, j'étais jeune et con, riez).

J'avais l'impression de me retrouver dans chacun des titres figurant sur cette galette, y compris "Family Portrait", pourtant loin de correspondre à ma situation dès lors. Mais des regrets lancinants de "Dear Diary" ("cher journal, j'aimerais te confier mes secrets, car tu es le seul qui, je le sais, les gardera") aux fières déclarations du titre éponyme qu'Alecia Moore scandait alors avec une diction amusée, aux allures de comptine ("lorsque je suis heureuse, je suis triste, mais tout va bien, il n'y a rien de compliqué, je suis juste incomprise"), j'étais certain d'écouter de la bonne musique. Et la bonne musique, c'est peut-être bien celle qui vous parle, ni plus ni moins. C'est ma façon de voir les choses, et bien que celle-ci puisse sembler très ingénue et ait sûrement été écrite des milliers de fois, elle me correspond. La musique n'a pas à se parer d'une quelconque profondeur dans les paroles ou d'une structure élaborée de par son squelette, tant qu'elle me bouge, elle me va. C'est certainement la raison pour laquelle j'ai développé une affection particulière pour la musique pop, certes plus accessible ou immédiate que d'autres genres. Cela n'est peut-être pas au goût de tout le monde mais, hey, qu'importe, la plupart de mes amis sont plus attirés par la scène indé/rock/alternatif/électro, d'autres sont attirés par le même style de musique que le mien et d'autres encore ont pour genre de prédilection le hip-hop, garage ou grime. Cela m'est égal, après tout, chacun trouve ce qu'il veut où il veut.

J'étais satisfait des analogies téléphonées entre l'amour et la drogue de "Just Like a Pill", accompagné d'une production pop/rock des plus accrocheuses, tout comme je l'étais de ce que j'ai pu considérer pendant longtemps comme étant mon morceau préféré, "Lonely Girl". Les paroles disaient "Je recherche un moyen de devenir la personne dont je rêvais être lorsque j'avais 16 ans" et je les récitais avec ferveur, bien que n'ayant même pas l'âge requis pour être alors un tant soit peu crédible (j'étais jeune et con²). Je me les étais appropriées. Et que dire de "Don't let me get me", que je traduisais à l'époque par "Ne me laissez pas me tuer", une façon candide s'il n'en est d'exprimer ce que je pensais être un mal-être profond quand il ne s'agissait que de, hé bien, la pré-adolescence. Cet album m'était cher. A tel point qu'il fût l'objet de ma première "critique", rédigée à la main un soir d'été 2003 sur une simple feuille de papier coloré. En colonie de vacances, si les détails vous tiennent à cœur. J'espérais alors bêtement faire ressentir à mes lecteurs - les quelques personnes daignant la lire - l'amour que je portais à ce disque. Mais non, évidemment. Tout cela est objectif. Tout cela n'est qu'une affaire de goûts. On peut débattre passionnément durant des heures avec des gens ayant écouté l'album, sans grand espoir de changer leur avis mais en en retirant la joie d'avoir partagé notre ressenti global en terrain connu. Mais l'on ne peut pas espérer avoir grand impact sur des auditeurs réfractaires à ce type de musique ou, pire encore, fermés d'esprit et pas curieux pour deux sous.

J'ai rapidement assimilé ce fait et mis de côté mes "rêves" de devenir un jour "critique musical". Je n'y ai jamais vraiment repensé depuis, bien que "journaliste musical" fût le sujet du projet professionnel que nous devions réaliser en première année de fac. Une véritable torture ce projet, d'ailleurs.

J'ai redécouvert l'album il y a quelques jours à l'aube de mes 20 ans et la magie est restée intacte. J'ignore si cela est lié aux souvenirs dont sont chargés ces morceaux et leur enchaînement particulier (je les écoutais toujours dans un ordre méthodique et cela n'a pas changé), ou au fait que je n'ai peut-être pas tant changé que ça au fil des années. Plus épanoui qu'à l'époque, certes, mais toujours affublé de cette étiquette pseudo rebelle d'incompris, et cela par moi-même et personne d'autre.
Bref, galvanisé par ce (simple) bonheur retrouvé, il m'a pris l'envie de rédiger cet article. Et...voilà.

La piste 5, "Eventually", une ballade bluesy, se terminait par "tu obtiendras les tiens, oui tu obtiendras les tiens, finalement.". Je n'ai jamais vraiment su ce que cela voulait dire, mais j'y crois toujours dur comme fer malgré tout. Jeune et con³.

Veuillez m'excuser pour la tournure parfois approximative de certaines phrases, mettons ça sous le coup de la spontanéité, j'ai écrit ce texte d'une traite (et comme d'habitude, je ne me relirai pas, tout juste corrigerais-je les mots que Firefox estime écorché de mes mains) et j'aurais sûrement aimé étoffer quelques passages mais peu importe, j'y reviendrai ultérieurement. Oui, "ultérieurement" est TOUJOURS le maître-mot.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Honnêtement c'est super touchant, et j'adore ton article. On ressent totalement ce que t'as voulu exprimer, et même si c'est peut-être brouillon ou approximatif (ce que je ne trouve pas que ce soit) bah c'est super bon, voilà.
J'ai aussi une tendresse particulière pour cet album, qui devait être un de mes tout premiers aussi, et Lonely girl était sans surprise ma favorite, à moi aussi.
Je le classe souvent dans ma tête (car oui, je classe des choses dans ma tête, parfois!) dans le rayon de ces albums qui, pour moi, sont quasi parfaits, sans 'fillers', à côté de Folklore, Unwritten ou Three.
Que de souvenirs en tout cas <3.

Anonyme a dit…

Effectivement, c'est "touchant" cet article!
Et je pense que la plupart des gens peuvent se reconnaitre dans ce que tu as écrit, même si je suis trop vieux pour que tu connaisses mes goûts musicaux (à l'époque où tu écoutais ce fameux albums, 2 ans de différence c'était soit "trop la classe" ou "trop la honte", selon le côté de la différence où l'on se trouvait!)